Beatitude
Les Caprices de Marianne
TIBIA. - Le greffier de votre tribunal a une jolie femme.
CLAUDIO. - Non, c'est le président qui a une jolie femme ; j'ai soupé hier avec eux.
TIBIA. - Le greffier aussi ; le spadassin qui va venir ce soir est l'amant de la femme du greffier.
CLAUDIO. - Quel Spadassin ?
TIBIA. - Celui que vous avez demandé.
CLAUDIO. - Il est inutile qu'il vienne après ce que je t'ai dit tout à l'heure.
TIBIA. - A quel sujet ?
CLAUDIO. - Au sujet de ma femme.
TIBIA. - La voici qui vient elle-même.
Entre Marianne.
MARIANNE. - Savez-vous ce qui m'arrive pendant que vous courez les champs ? J'ai reçu la visite de votre cousin.
CLAUDIO. - Qui cela peut-il être ? Nommez-le par son nom.
MARIANNE. - Octave, qui m'a fait une déclaration d'amour de la part de son ami Coelio. Qui est ce Coelio ? Connaissez-vous cet homme ? Trouvez bon que ni lui ni Octave ne mettent les pieds dans cette maison.
CLAUDIO. - Je le connais, c'est le fils d'Hermia, notre voisine. Qu'avez-vous répondu à cela ?
MARIANNE. - Il ne s'agit pas de ce que j'ai répondu. Comprenez-vous ce que je dis ? Donnez ordre à vos gens qu'ils ne laissent entrer ni cet homme ni son ami. Je m'attends à quelque importunité de leur part, et je suis bien aise de l'éviter.
Elle sort.
CLAUDIO. - Que penses-tu de cette aventure, Tibia ? Il y a quelque ruse là-dessous.
TIBIA. - Vous croyez, Monsieur ?
CLAUDIO. - Pourquoi n'a-t-elle pas voulu dire ce qu'elle a répondu ? La déclaration est impertinente, il est vrai, mais la réponse mérite d'être connue. J'ai le soupçon que ce Coelio est l'ordonnateur de toutes ces guitares.
(p)
TIBIA. - Défendre votre porte à ces deux hommes est un moyen excellent de les éloigner.
CLAUDIO. - Rapporte-t'en à moi. — Il faut que je fasse part de cette découverte à ma belle-mère. J'imagine que ma femme me trompe, et que toute cette fable est une pure invention pour me faire prendre le change et troubler entièrement mes idées.
Ils sortent.




























(s)
accueil - textes - notules - blog - haikus - divers - mail