Une rue.
Octave et Ciuta entrent.
OCTAVE. - Il y renonce, dites-vous ?
CIUTA. - Hélas ! pauvre jeune homme ! il aime plus que jamais, et sa mélancolie se trompe elle-même sur les désirs qui la nourrissent. Je croirais presque qu'il se défie de vous, de moi, de tout ce qui l'entoure.
OCTAVE. - Non, de par le ciel ! je n'y renoncerai pas ; je me sens moi-même une autre Marianne, et il y a du plaisir à être entêté. Ou Coelio réussira, ou j'y perdrai ma langue.
CIUTA. - Agirez-vous contre sa volonté ?
OCTAVE. - Oui, pour agir d'après la mienne, qui est sa soeur aînée, et pour envoyer aux enfers messer Claudio le juge, que je déteste, méprise et abhorre depuis les pieds jusqu'à la tête.
CIUTA. - Je lui porterai donc votre réponse, et, quant à moi, je cesse de m'en mêler.
OCTAVE. - Je suis comme un homme qui tient la banque d'un pharaon pour le compte d'un autre, et qui a la veine contre lui ; il noierait plutôt son meilleur ami que de céder, et la colère de perdre avec l'argent d'autrui l'enflamme cent fois plus que ne le ferait sa propre ruine. (
Entre Coelio.) Comment, Coelio, tu abandonnes la partie ?
COELIO. - Que veux-tu que je fasse ?
OCTAVE. - Te défies-tu de moi ? Qu'as-tu ? te voilà pâle comme la neige. Que se passe-t-il en toi ?
COELIO. - Pardonne-moi ! pardonne-moi ! Fais ce que tu voudras ; va trouver Marianne. — Dis-lui que me tromper, c'est me donner la mort, et que ma vie est dans ses yeux.
Il sort.
OCTAVE. - Par le ciel, Voilà qui est étrange !
CIUTA. - Silence ! Vêpres sonnent ; la grille du jardin vient de s'ouvrir ; Marianne sort. — Elle approche lentement.
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