"I must pray a little longer Or laugh a little more..."
Tout se passe comme si ce n'était pas la fin. Me voici, ce champ de blé à perte de vue autour d'un moi allongé là, occupé à compter les corbeaux qui passent sous les nuages. Un, c'est une peine annoncée. Deux, une joie. A trois, Mima aura une fille. Quatre, et c'est un garçon.
Les nuages ont des formes étranges de lapins et d'ours et de robots géants surgis de mon enfance. Un silence, presque, alors que je me relève doucement. La chaleur de ce jour d'été, l'odeur et le si ténu bruissement des céréales tout autour, l'imminence d'être papa. Un sentiment de bien-être. Nous nous sommes installés ici il y a de cela deux mois, mais il me semble que c'était hier. Le rangement des cartons, amoncelés un peu partout dans notre nouvelle maison, semblaient devoir rester notre avenir à long terme.
Puis nos choses, peu à peu, ont trouvé leur place. La bibliothèque s'est emplie à nouveau, en ordre alphabétique, de livres aux couvertures criardes et au contenu magnifique. Les oiseaux des champs qui bordaient la maison nous annonçaient chaque matin de leurs chants. Et le ventre de Mima a continué de pousser.
La voilà qui se redresse de sa chaise longue où je l'avais laissée, à demi endormie. A traverser cette mer d'épis blonds, une révolte étrange m'étreint, mêlée à un je ne sais trop quoi d'inéluctable. Une résignation douloureuse. Les nuages passent encore et encore au dessus de nos têtes alors que je la rejoins et la serre dans mes bras.
Quand les nefs stellaires sont arrivées, tous les moyens furent tentés pour établir le contact. Les meilleurs linguistes. Les plus grands ingénieurs. En vain. Comme si nos grands frères de l'espace ne pouvaient nous entendre, sourds à notre amour pour eux.
Les nefs m'ont toujours fait penser à d'immenses ruches, avec toutes ces choses étranges qui y entraient ou en sortaient. De petits globules de métal, parcourant le ciel en
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